
Audrey a grandi à Quincy-sous-Sénart, dans l’Essonne (91). Après une 3ᵉ générale, elle aurait pu poursuivre en filière générale. Mais sa mère, soucieuse de lui offrir un avenir concret et utile, l’encourage à s’orienter vers la voie professionnelle, pour acquérir de vraies compétences métiers.
C’est aussi sa mère qui lui souffle l’idée de la filière MELEC (Métiers de l’électricité et de ses environnements connectés), qu’elle juge prometteuse. Audrey, qui rêvait à l’origine d’hôtellerie et de restauration, accepte de tenter sa chance dans ce secteur technique. Elle intègre alors un lycée tout proche de chez elle.
Les débuts sont un peu déstabilisants : la formation lui paraît trop théorique. Mais tout change dès qu’elle commence à toucher au concret : le câblage, la mise sous tension, l’installation de composants. Elle accroche vite. Et dans sa classe, où elle n’est pas la seule fille, l’ambiance est bienveillante.
Un déménagement la conduit ensuite à intégrer le lycée polyvalent Édouard Branly, à Créteil, en classe de 1re. Cette fois, elle est la seule fille. Les remarques sexistes fusent, mais loin de se décourager, Audrey redouble de détermination.
Elle apprend à travailler de manière autonome, participe à toutes les activités en atelier : elle monte sur les escabeaux, perce, tire les câbles – naturellement. Son implication impressionne autant les professeurs que ses camarades.
En terminale, M. IREP, l’un de ses enseignants, lui parle de concours, dont celui du Meilleur Apprenti de France. Elle hésite : son emploi du temps est déjà bien rempli. En plus des cours, elle suit une formation sur le numérique à Paris chaque mercredi soir, et prépare le brevet d’initiation à l’aéronautique le mercredi après-midi.
Finalement, elle décide de se lancer. Avec l’aide de M. HEU, assistant au DDFPT, elle rassemble le matériel nécessaire pour respecter le cahier des charges du concours. Environ 3 000 € d’équipement sont requis, un investissement pris en charge par le lycée.
Dès réception du matériel, elle commence à s’entraîner, à raison de 4 à 6 heures par semaine, en plus de ses cours. Elle travaille en autonomie sur son temps libre, en atelier, sous l’œil attentif et encourageant de ses enseignants, notamment M. ROUVER.
Avant même le jour du concours, Audrey a dû s’atteler à une préparation minutieuse. Elle a d’abord implanté tous les éléments sur la platine de câblage : goulottes, rails, disjoncteurs, borniers, boîtes à boutons… Chaque composant devait être positionné avec précision selon les plans fournis, les côtes respectés, les éléments découpés avec soin. Tout devait être prêt, omis le câblage.
C’est en effet le jour de l’épreuve départementale, à Mantes-la-Ville, qu’avait lieu l’étape cruciale : réaliser l’ensemble du câblage électrique à partir du schéma remis le matin même. Une tâche complexe et technique, centrée sur le câblage et la mise en service d’un système de gestion automatisée pour le remplissage de silos de stockage de grains.
Sa concentration et son organisation portent leurs fruits : elle termine l’épreuve avec succès et décroche la médaille d’or départementale. Une récompense méritée qui permet d’accéder à l’épreuve régionale à Arnouville.
Le 17 mai, Audrey se présente au concours régional avec, cette fois, une nouvelle épreuve de taille. Avant même le jour J, elle a dû préparer un support d’installation complet, conforme au schéma technique fourni. Tout devait être prêt à l’avance, avec une attention particulière portée à la qualité des découpes, à l’esthétique de l’assemblage et au respect des normes.
Le jour de l’épreuve, elle transporte donc son œuvre achevée jusqu’au centre de concours. Aucun câblage n’était à effectuer ce jour-là : tout repose sur la qualité du travail déjà accompli. Son installation est ensuite évaluée par un jury professionnel selon un barème précis, portant notamment sur l’implantation, la fixation, le câblage, le repérage, et la qualité d’exécution.
Une nouvelle fois, Audrey impressionne. Résultat : médaille d’or au concours régional ! Prochaine étape : la finale nationale, prévue le 26 juin, le même jour que son épreuve écrite de PSE. Pas de répit : dès sa copie rendue, elle filera directement à la gare pour prendre le train.
Une chose est sûre : pour le lycée Édouard Branly, c’est une première.